dimanche 17 février 2013
Un grand merci à nos élèves pour leur comportement exemplaire lors de ce séjour, pour leur intérêt jamais démenti et leur investissement pendant les visites ou pour nourrir le blog...
mes collègues et moi-même espérons que ce blog prolongera leur séjour et que parents et enfants viendront y laisser leurs commentaires...bonnes vacances à tous...
Sabine Kotlarczik
Au passage...un exemple frappant de sculpture officielle sous le IIIè Reich...
A deux reprises au cours de la semaine, nos élèves ont pu évaluer le gigantisme quelque peu grossier et ostentatoire de l'art sous le IIIè Reich...vaguement inspiré des canons esthétiques de l'Antiquité...le lundi, pour une partie des élèves, lors de la visite guidée de la ville ; le vendredi, quand nous sommes retournés avec un plus petit groupe au musée de l'Histoire allemande (Deutsches Historisches Museum)...nous avons donc croisé deux fois cet éphèbe aryen plus qu'imposant...
"Rien à voir avec l'art antique romain ou avec les graciles sculptures baroques du Bernin", a assuré Pierre devant cette œuvre du sculpteur officiel du régime nazi, Arno Breker. La sculpture est intitulée Wehrmacht...
Rappel sur l'artiste très apprécié d'Hitler...
Au milieu des années 30, son talent est apprécié par les idéologues du Parti national socialiste (selon l'un de ses biographes français, Breker serait retourné en Allemagne début 1935, à la demande de Max Lieberman, grand peintre allemand de l'époque mais interdit de peindre car Juif, qui mourra quelques semaines plus tard. Breker réalisera son masque mortuaire). En 1937, abandonnant le style de sa jeunesse, il est nommé professeur à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Berlin, il est remarqué par le ministère de la Propagande du Reich qui lui passe plusieurs commandes.
Breker produit quantités de sculptures à la gloire de l'idéologie du régime. Il travaille au projet Germania, le réaménagement de Berlin avec Albert Speer. Hitler considère Breker comme un des génies artistiques du Troisième Reich. Le 23 juin 1940, il accompagne ce dernier dans sa visite de Paris.
Il ne fut jamais poursuivi pour avoir honoré les commandes passées par le régime nazi, et il refusa toujours d'exprimer des regrets ou des excuses, estimant que les artistes n'avaient rien à voir avec la politique. Il semble qu'il n'ait jamais adhéré à l'idéologie raciste National Socialiste mais ait accepté ce régime par « opportunisme et mégalomanie ».Il est intervenu en faveur de nombreux artistes poursuivis des nazis. À Paris, il a protégé Pablo Picasso, alors communiste, des officiers de la Kommandantur. Arno Breker permit également de sauver l’éditeur allemand Peter Suhrkamp arrêté après avoir été fortement soupçonné de résistance contre Hitler.
Cette sculpture se trouve dans le musée de l'Histoire allemande que nous avons traversé à deux reprises...bâtiment baroque de l'Arsenal (Zeughaus) reconnaissable à sa façade rose pâle...
Les expositions temporaires sont abritées dans la spectaculaire aile du bâtiment de 2 700 mètres carrés, connue comme le bâtiment I.M. Pei (IM Pei Bau) dessiné par l’architecte sino-américain contemporain I.M. Pei, qui a réalisé la pyramide du Louvre à Paris. Inauguré en 2003, il s’agit d’un des joyaux architecturaux du nouveau Berlin. Un bâtiment spacieux, lumineux, aux formes pures qui mérite en soi le détour.
L'Holocaust Mahnmal au coeur de la ville, à deux pas de Potsdamer Platz...
Nous l'avons longé en autocar, mais certains ont souhaité y revenir avec nous pendant leur quartier libre...cet ensemble de 2711 stèles de granit noir, de taille et d'inclinaison variées, installées, selon les plans de l'architecte new-yorkais Peter Eisenman, entre la porte de Brandebourg et Potsdamer Platz, sur le possible emplacement du bunker d'Hitler, rend hommage à la mémoire des juifs d'Europe assassinés par la barbarie nazie (Denkmal für die ermordeten Juden Europas). Après de longues hésitations et des scandales, ce monument d'importance existe donc depuis 2005. Il ressemble à un cimetière immense, une vague de béton gris, ouvert en permanence, accessible par tous ses côtés. Cet alignement strict, bien qu'irrégulier, de stèles peut traduire, pour le promeneur qui se perd entre les allées étroites, aussi bien l'isolement que la peur, le tourment de toutes ces destinées individuelles broyées par le système nazi, un système rationalisé et froid, la logique de la folie...l'esthétique du mémorial a d'ailleurs donné lieu à un petit débat, entre quelques profs et élèves, sur la représentation que les historiens avaient de la logique nazie : il semblerait que le processus d'extermination des juifs décidé par les hauts-dignitaires nazis ait été beaucoup plus empirique que ne le laissent croire les déportations massives et régulières et l'organisation des camps...un moment de réflexion bien intéressant donc après l'émotion de la visite...
samedi 16 février 2013
Le Reichstag: un bâtiment emblématique
Les plus courageux d'entre nous ont troqué leur après-midi de quartier libre contre une visite du Reichstag. Ce magnifique bâtiment porte les stigmates d'un vingtième siècle torturé. Construit pour célébrer l'unité de l'Allemagne à la fin du XIXe s, il est brûlé en 1933, après l'accession au pouvoir d'Hitler en 1933, alors que Goering est président de l'Assemblée. Le Führer, antiparlementariste à l'extrême, n'y mit jamais un pied. Ce n'est qu'après la Réunification que le transfert du Bundestag (l'Assemblée) de Bonn au Reichstag a lieu, en juin 1991. Privé de sa coupole, détruite lors de la Deuxième guerre mondiale, Sir Norman Foster est chargé de construire une coupole en verre et acier digne de ce bâtiment. Et quelle réussite! C'est en son sein que nous avons pu admirer les différents quartiers d'une capitale en pleine recomposition, véritable chantier de l'Europe.
L'histoire du Reichstag en quelques images...
L'édifice à la fin du XIX, puis après son incendie en 1933...
Plus récemment, le Reichstag emballé par le couple d'artistes Christo et Jeanne-Claude. C'était en 1995, avant la rénovation de l'édifice pour y accueillir le Parlement. Le Bundestag y a siégé pour la première fois le 19 avril 1999, jour de l'inauguration...
Façade du Reichstag restaurée et conservée...derrière cette masse de pierre colossale, une construction de verre des plus novatrices et parfaitement intégrée à l'édifice originel...
L'inscription dédicatoire au fronton triangulaire du Reichstag a été l'occasion pour tous nos germanistes de revoir les valeurs du datif : "Dem deutschen Volke" - Au peuple allemand....nous avons d'ailleurs beaucoup pratiqué la langue cette semaine, même pour les non germanistes...l'anglais a aussi été largement utilisé, puisque nous avons eu une visite en anglais...les professeurs ont tous été mis à contribution pour une traduction simultanée en français, mais les élèves ont assez bien compris en général...riche semaine linguistique donc pour tout le monde...
L'incroyable coupole de verre de Norman Foster au cœur du Reichstag...ouverte sur le ciel à son sommet comme le Panthéon de Rome (certains auront fait les deux voyages), la coupole recueille les eaux qu'elle réutilise...elle transforme également la chaleur humaine dégagée...des panneaux photovoltaïques diffusent la lumière du soleil dans tout l'édifice et un écran solaire se déplaçant sur le pourtour de la coupole permet de réguler la lumière diffusée...une construction à la pointe des préoccupations actuelles de développement durable...
L'ascension ayant été rude, tous lestés que nous étions de nos lourds sacs à dos, une pause au sommet s'est révélée salutaire que nous avons consacrée à une petite séance de yoga réparatrice...étirements des lombaires et des cuisses...
Nous avons aussi pris le temps de comparer nos différentes représentations de l'individu socialiste...certains en étaient très loin...longueur des cheveux, tenue vestimentaire, accessoires et symboles...trop occidentalisés pour vivre en ex-RDA...
Une vue de la Chancellerie...un bâtiment de verre situé en face du Parlement et à deux pas de l'ambassade suisse...la "maison" de Angela Merkel...
L'édifice à la fin du XIX, puis après son incendie en 1933...
Deux photos mythiques du Reichstag ...
Cette image des soldats russes fixant le drapeau soviétique sur les ruines de la coupole en 1945 a fait le tour du monde...à la fois symbole antifasciste de la chute du IIIème Reich et de la fin de la Seconde Guerre Mondiale et mise en scène de propagande stalinienne...
DDR Museum - das rat ich dir!
Pour ce dernier jour en Prusse, nous terminons par une immersion au cœur de la vitrine du communisme: le musée de la RDA. Ce fut l'occasion de voir les conditions de vie des est-allemands, embrigadés du berceau au cercueil. Ainsi, à la crèche, les enfants devaient tous aller au pot ensemble et ne se levaient qu'après que tout le monde avait terminé. Après une enfance/adolescence au sein des FDJ, le jeune berlinois devait, s'il faisait partie des privilégiés, aller à l'Université, ou sinon rejoindre ses autres "camarades" au travail. Comme en URSS, les terres ont été collectivisées et le commerce était strictement réglementé par le HO. Musée très interactif que nous vous conseillons lors de votre prochaine visite! On peut presque sentir l'odeur des Spreewald Gurken et du Trinkfix, chers à la mère d'Alex Kerner dans Goodbye Lenin! Ce fut l'occasion pour Madame Kotlarczik de réviser son hymne est-allemand et ses chansons de jeunesse!!! En bref, deux heures de visite, sous les yeux de Marx, Lénine mais aussi dans l'ombre du mur, des camarades Ubricht et Honecker et de la Stasi, entre dénonciation et Ostalgie.
L'incontournable Derrick a bien entendu sévi dans les salons est-berlinois... |
Les Est-allemands savaient garder le sourire malgré une mode très discutable.... |
Seule fois de la semaine où nous sommes en avance, nous en profitons pour faire une séance photo |
Monsieur Philippe réalise son rêve: troquer sa bicyclette contre une Trabant |
Robin s'imagine à la Stasi |
Christophe aussi a conduit la Trabant et a emmené Sébastien
Un placard de ménagère typique de l'Allemagne de l'Est à l'époque où il n'était pas facile de s'approvisionner...Monsieur Bonito pourra nous le confirmer, mais à Budapest non plus, on ne doit plus trouver le bon maquereau de Budapest...
Ce n'est pas une des salles de bain de l'auberge, rassurez-vous...on est toujours dans le DDR Museum...
Un camarade fonctionnaire de la DDR...
Nos filles ont longuement commenté la mode de cette époque...
Et encore quelques photos profs-élèves sur les quais de la Spree...
jeudi 14 février 2013
La conférence de Wannsee
En fin d’après midi, visite
impromptue, avant de rentrer à l’auberge, de la villa de Wannsee, où s’est
déroulée la conférence éponyme. C’est dans ce lieu idyllique, qu'on imaginerait plus propice à la contemplation et au recueillement, que les
dignitaires SS ont officialisé les modalités de la mise en œuvre d' une des plus
atroces entreprises de destruction massive : la solution finale ou
l’élimination des 11 millions de Juifs européens ( en allemand : "die Besprechung über die Endlösung der Judenfrage"). Le problème de la mémoire
reste omniprésent comme l’atteste le témoignage de la petite nièce d’Himmler
ci-dessous.
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